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ACTE II


Salon mondain





Scène PREMIÈRE


Christine, Gaston
CHRISTINE

Je n’ai pas cédé, je n’ai pas pardonné, c’est fini ; depuis deux mois, nous nous voyons à peine, sans nous parler autrement que pour ne rien nous dire. Il me semble qu’il fait froid en moi-même et que je m’engourdis lentement. Oh ! je l’aurais tant aimé ! Il est venu à moi, qui ne savais rien, et m’a dit d’une voix tremblante : Voulez-vous être mienne ? Il parlait tout bas, tout bas, et c’était si délicieux ! À présent ma joie est morte. Mais que sont donc ces femmes qui nous les prennent ! et qu’ont-elles de plus que nous ? Cette Jeanne Bijou les traîne à sa suite, l’un après l’autre, et ils ne se révoltent pas, ils acceptent le partage ! (Un silence) ; Croyez-vous qu’il l’aime encore ?

GASTON

Non, certes, et je crois même qu’il ne l’a jamais aimée.

CHRISTINE

Oh ! si !

GASTON

Aimée, j’entends comme il vous aime.

CHRISTINE

Il y a donc des façons différentes…

GASTON

Mais oui, ma pauvre enfant ; ces femmes dont vous parliez ne nous prennent pas tout entiers, ne le croyez pas. Et c’est ce qui souvent fait leur