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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/120

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V


Ce fut une des périodes les plus heureuses de l’existence de Ferrian. Délivré de toute chaîne, dans cette atmosphère calme de petite ville, au milieu d’une nature dont son esprit délicat sut apprécier tout le charme, il se laissa bercer par la vie, sans songer à l’avenir, le cœur dégagé de tout souci, de toute peine, et le corps vivifié par l’air enveloppant du Rhin.

Levé de bonne heure, tous les matins il partait en de longues excursions dans les montagnes, et souvent la nuit le surprenait assis sur un tronc abattu, regardant au loin le paysage noyé d’ombre. Ce n’était pas la rêverie bête du poète pleurard, accordant son luth sur une roche, mais une sorte de prostration, d’anéantissement délicieux, de paresse de penser