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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/156

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messe ; le croirais-tu, en une minute, j’ai tout renié, parce que sa chasuble était de travers ! Il m’a semblé que les vitraux avec leurs grands guerriers gothiques s’enflammaient de colère ; puis, le prêtre s’est tourné avec impatience vers l’enfant de chœur qui ne lui apportait pas assez vite les burettes ; j’ai cru voir un comédien manquant sa réplique par la faute du souffleur, et pour ce rien, je suis parti furieux contre cet homme qui me volait mes derniers respects.

— C’est puéril.

— Eh non ! le décor, mon cher, le décor ! Une belle messe, bien dite, hiératiquement, au milieu de belles verrières, au son d’une belle musique, fera plus de croyants que tous vos catéchismes ! Te souviens-tu du père Golen, au collège de Namur ? Ce bonhomme-là avait une façon de chanter le Pater Noster, qui vous donnait le frisson ; je ne l’ai jamais oublié !

— Allons, allons ! je vois bien que tu es demeuré le même. Du paradoxe encore et toujours ! Et les amis d’autrefois, les vois-tu ? Beckx !

— A la Royale, tous les soirs. Je ne le vois plus.

— Carol ?

— Idem.

— Chastelî

— En voyage.

— Kéradec ?

— A lâché la peinture pour la politique socialiste !

— Total zéro, mon pauvre Jacques, nous voilà bien éparpillés dans la vie, et nous étions fous avec nos beaux projets de dîners et de banquets d’anniversaire !