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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/161

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arrive une fatigue physique, vite ! nous nous « montons le coup » et nous nous figurons que nous serons toujours éreintés ainsi, que nous sommes usés, qu’il n’y a plus rien à tirer de l’existence. Excuse-moi, Madame Ferrian, mais les artistes sont fous de se marier. Moi, j’ai eu de la chance — et encore, ajouta-t-il en embrassant Greta !… L’artiste est un oiseau qui doit être libre, qui doit pouvoir vivre d’une croûte, sans se préoccuper d’un nid à nourrir, ni d’une oiselle… fixe à caresser !

— C’est peut-être vrai pour quelques-uns, dit Marius, mais à d’autres il faut la tranquillité, le recueillement…

— Mais, sacré animal ! Comment veux-tu qu’on se recueille et qu’on pense, lorsqu’il faut payer sa servante, vérifier des comptes et se demander constamment si oui ou non l’on pourra lier les deux bouts ! Cela, parce qu’un beau jour on s’est fichu dans la boule qu’il était temps d’avoir une descendance de petits bonshommes qui vous piailleront aux oreilles pendant que vous cherchez dans les nuages une rime d’or ou une étoile !

— Eh bien ! et toi ?

— Oh moi ! dit Jacques d’une voix lente…

Et comme le dîner venait de finir, il se leva de table.