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Page:Waller - Lysiane de Lysias, 1885.djvu/180

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XVII

Délaissée par sa faute, Greta ne se plaignit pas. Au contraire elle aimait sa solitude. A présent, elle restait de longues heures silencieuse, regardant un point à l’horizon, fixement, avec le chimérique espoir de faire venir vers elle par un intense effort, un peu du paysage, un peu du home qu’elle ne pouvait revoir. Elle se disait aussi des mots allemands, d’une voix très assourdie pour leur donner plus de douceur, s’écoutant dans l’ombre comme si d’invisibles amis fussent là, près de son oreille, à lui chuchoter des choses tendres et mélancoliques. Puis elle allait au piano et jouait des phrases de Beethoven alternées à des phrases de Strauss, voulant, par la magie des gammes, par la plainte des accords, par la cadence du rythme, fondre l’âme du maître