Page:Walras - Introduction à l'étude de la question sociale.djvu/27

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touche tout à la fois à la distribution de la richesse en déterminant le fonds de la fortune commune, les sources du revenu de l’État, et à la production de la richesse, en limitant la propriété individuelle de la rente foncière, des profits, des salaires. Comment donc M. de Girardin a-t-il essayé d’opérer cette conciliation entre les droits de la communauté et les droits de l’individu ?

M. de Girardin consacre d’abord plus de la moitié de son ouvrage[1] à critiquer l’assiette actuelle de l’impôt, ce qui, du reste, est une tâche aisée. Enfin il dit :

« Tel que nous le. comprenons, l’impôt doit être la prime d’assurance payée par ceux qui possèdent, pour s’assurer contre tous les risques de nature à les troubler dans leur possession ou leur jouissance[2]; … »

Et pourquoi l’impôt doit-il être une prime d’assurance ? M. de Girardin ne le dit point. Pourtant son principe est assez gros de conséquences énormes. Parmi ces conséquences, on entrevoit nettement la suppression de toute initiative collective en ce qui.n’est point répression de quelque désordre, et la fusion de tous les ministères, grands et petits, en un seul : le ministère de la Sécurité. Comment l’auteur établit-il cette définition qui fait de l’État un entrepreneur de police à bon marché, avec brevet et monopole ? L’auteur ne démontre rien, et passe immédiatement à ses conclusions.

« Cette prime doit être proportionnelle, et d’une exactitude rigoureuse[3]. »

Proportionnelle à quoi ? Non pas au revenu, suivant M. de Girardin, mais au capital. Et pour quel motif ?

En effet, cette base est la seule qui soit immuable la même pour tout et pour tous.

Partout et toujours 1,000 francs sont 1,000 francs, mais partout et toujours 1,000 francs ne produisent pas la même ce rente.

La rente varie, et selon l’emploi qui a été fait du capital, et selon le pays, et selon le temps.

La tente est relative, le capital est absolu[4]. »

  1. LES 52, par Émile de Girardin. XIII, Le Socialisme et l’Impôt.
  2. Idem, p. 120.
  3. Idem, p. 120.
  4. Idem, p. 129.