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L’ÉCONOMIE POLITIQUE

Tels sont les résultats d’une analyse sévère du phénomène de l’échange. Il demeure acquis que l’échange implique l’existence de deux faits généraux : la valeur et la propriété. La théorie de chacun de ces deux faits constitue une science ; tâchons d’assigner à chacune de ces deux sciences qui s’offrent à nous son caractère et ses limites.

La théorie de la valeur d’échange et la théorie de la propriété se touchent en raison de l’identité de leur objet. Ce sont les mêmes choses utiles qui, par le fait de leur limitation en quantité, deviennent : 1o valables et échangeables, 2o appropriables. Ce qui constitue la valeur d’échange constitue aussi la propriété ; ce qui constitue la propriété constitue aussi la valeur d’échange.

La théorie de la valeur d’échange et la théorie de la propriété diffèrent en raison du caractère respectif de leur point de vue. L’une est une science naturelle, parce qu’elle est la théorie d’un fait naturel ; l’autre est une science morale, parce qu’elle est la théorie d’un fait moral : c’est ce qu’il faut établir.

M. Proudhon, qui est grand ennemi de l’absolu, ne me contestera pas, je l’espère, que le fait de la liberté de l’homme est bien la source de toute moralité. De ce que l’homme délibère et se résout librement, il résulte : 1o que ses actes lui sont imputables ; 2o qu’il en est responsable, que sur lui rejaillit l’idée du mérite et du démérite ; 3o qu’il y a donc pour l’homme à se préoccuper du bien ou du mal dont il répond.

Les faits naturels se distingueront donc des faits