Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/120

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elle n’a pas qualité pour cela. Mais je puis répondre à sa place, et dire à M. Proudhon : — Votre crédit mutuel est un mot creux et vide auquel vous n’avez pu donner aucun sens. L’intérêt du capital est le prix de la vente du revenu. Nous allons, par le progrès, et à l’égalité et à l’inégalité, à l’égalité des conditions, à l’inégalité des positions et des fortunes.

J’avais annoncé l’intention de garder ma neutralité entre l’Église et M. Proudhon. Mais au surplus je trouve bien singulier que M. Proudhon s’en vienne ressusciter au XIXe siècle des erreurs qui ont été combattues et par le bon sens de plusieurs centaines de générations, et par le talent des esprits les plus compétents, et, somme toute, par la force fatale des choses naturelles ; puis qu’ensuite il le prenne de si haut avec l’Église.

Un seul fait peut expliquer cette concordance dans l’erreur : c’est que la doctrine de M. Proudhon prend sa source, comme la doctrine catholique, dans l’ignorance de l’économie politique. À ce point de vue l’Église fut assurément plus excusable que ne l’est aujourd’hui M. Proudhon. Les théologiens du moyen âge n’étaient pas tenus d’avoir approfondi la théorie de la richesse sociale ; M. Proudhon qui ne vit point au moyen âge et qui n’est pas théologien devrait la connaître.

Il le devrait, et j’ai, moi, le droit de lui reprocher avec sévérité tant d’orgueil uni à tant de faiblesse. Je suis de ceux qui n’avaient point quitté le collège, comme dit M. Proudhon,