Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/126

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que personne ne saura jamais. Il fallait deviner que M. Proudhon prenait à la fois les vessies pour des lanternes et les lanternes pour des vessies ; je ne connais pas d’exemple de plus singulière aberration scientifique. Et quand j’essaye de comprendre comment il a pu se faire que M. Proudhon construisît, dans de pareilles données, une apparence quelconque de théorie qui le satisfît, en vérité, ma tête se trouble : je songe à un artiste qui s’obstinerait à peindre avec un ciseau, et à sculpter avec une palette.

Je fais à présent abstraction de ce préambule ; et je poursuis mon examen critique, en arrêtant, pour l’interroger, mon adversaire au moment où, quittant ses tristes préliminaires, il se décide à venir au fait.

Ce que je cherchais, dès 1840, en définissant la propriété, ce que je veux aujourd’hui, ce n’est pas une destruction,… ce que je demande pour la propriété est une balance.

Entendons-nous bien, d’abord. Établissons-nous là balance des locations, ou constituons-nous la théorie de la propriété ? J’ai beau chercher, je ne vois pas que vous vous soyez expliqué ; de telle sorte que je me vois ici dans la situation de maître Jacques.

Si nous cherchons, comme je devais le croire en abordant ce paragraphe, la balance des locations pour faire suite à la balance du prêt, nous faisons besogne d’économistes. De même qu’on prête de l’argent, de même on peut louer un fonds de terre, une maison. Un fonds déterre, une maison sont des capitaux d’espèces particulières. La location de ces capitaux sera toujours d’une façon générale la vente de leurs revenus ;