Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des niais se font estropier par des charlatans ou duper par des utopistes.

Un autre, établi sur le boulevard, occupait un magasin de 4,000 fr. Il passait pour faire d’excellentes affaires ; la maison était connue, achalandée. La fin du bail venue, le propriétaire porte le loyer de 4,000 à 15,000 fr., plus un pourboire de 40,000 fr. Et force fut encore à l’industriel de subir la loi. —Vol.

Vous avez, Monsieur, le double défaut de lancer beaucoup trop facilement les gros mots et de faire trop difficilement l’analyse des faits que vous qualifiez si cavalièrement.

Lorsqu’une maison de commerce arrive à être connue, achalandée, une part du succès, sans contredit, revient à l’activité du travail, une autre part à la situation favorable des magasins dans un beau quartier, riche et fréquenté. La différence annuelle de 11,000 francs dans le prix du loyer et les 40,000 francs qu’il vous plaît de nommer drôlatiquement un pourboire rémunéraient, dans le cas qui nous occupe, cette seconde part. Et, malgré l’énormité des chiffres, rien ne prouve qu’ils fussent exagérés, si la maison de commerce en question, établie sur le boulevard, passait pour faire d’excellentes affaires.

Quand vous dites : « Force fut à l’industriel de subir la loi, » vous attendez beaucoup trop de notre naïveté et beaucoup trop peu de notre intelligence. S’il arrive qu’un négociant, son bail expiré, préfère payer 15,000 francs le loyer qu’il payait 4,000 francs, et consent même à donner en sus un pot-de-vin de 40,000 francs, plutôt que s’en aller ailleurs, rien ne