une dernière fois sur le terrain de la morale, qu’il poussât une dernière pointe vers la question de l’origine et du fondement de la propriété. C’était pour résumer ainsi sa doctrine ; je la résume à mon tour.
Emparez-vous, si vous en trouvez un, d’un terrain qui soit, en réalité ou en apparence, inoccupé : ce fait est indiffèrent au droit. Sur ce terrain construisez, en y consacrant tout votre travail, toutes vos épargnes, une maison : cet acte demeure étranger à la justice. La maison, capital artificiel que vous avez créé, s’élève sur le sol, capital naturel que vous vous êtes approprié : vous n’êtes ni voleur ni propriétaire, ni voleur du terrain, ni propriétaire de la maison. Vous n’êtes rien. Mais offrez à l’échange, louez ou vendez terrain et maison, la justice intervient, le droit se produit, la moralité apparaît. Vous êtes sacré propriétaire !
En d’autres termes, la propriété est un fait fatal, la valeur d’échange est un fait libre. La théorie de la propriété, s’il y en avait une, serait une science naturelle ; la théorie de la valeur d’échange une science morale. Telle est, en dernière analyse, l’épouvantable confusion de principes, annoncée depuis longtemps, démontrée maintenant, sur laquelle repose la doctrine économique de M. Proudhon, envisagée au point de vue métaphysique. Quant à la doctrine même, dans ses détails, qu’on l’apprécie : je crois avoir fourni les éléments d’un jugement rationnel à posteriori tout aussi bien que les motifs d’une condamnation à priori.
J’ajoute seulement qu’avec tout cela nous n’avons