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ET LA JUSTICE.

la notion du droit. L’idée ne lui viendrait jamais de combler cette lacune. Il est bon de s’inquiéter du droit ; il ne faut pas l’invoquer à tout propos. Le binôme de Newton n’a que faire d’être juste ou injuste, et l’hypothèse des deux électricités n’est pas astreinte aux règles de la morale. La théorie de la valeur d’échange non plus, croyez-le bien, Monsieur Proudhon. C’est une science naturelle et indépendante de la justice.

Cette science, M. Proudhon ne la connaît pas. Bien mieux, il en ignore l’existence. M. Proudhon est un médecin qui fait de la pratique médicale, je ne dirai pas sans savoir l’anatomie ni la pathologie, mais sans se douter même qu’il existe une science nommée anatomie, une autre appelée pathologie. M. Proudhon va tout à l’heure s’efforcer de réglementer la production, la distribution, la consommation, et il ne sait pas le premier mot de la théorie de la valeur d’échange ; il en méconnaît implicitement le caractère ; il n’en soupçonne pas l’existence.

C’est ce que je voulais démontrer. À présent, sachons au juste ce que c’est que la théorie de la valeur d’échange ; sachons les grandes divisions de cette science naturelle, la première des sciences économiques ; sachons quelles questions principales elle agite : nous saurons quelles questions ignore M. Proudhon.

Voici les divisions et questions dont il s’agit[1] :

I. De la nature et de l’origine de la valeur.

De la richesse en général et de la richesse sociale en particulier. — De l’utilité et de la valeur échangeable.

  1. M. Walras, Théorie de la Richesse sociale.