Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/223

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ses frais d’entretien personnel, de se nourrir suffisamment sans excès, de se loger confortablement sans luxe, de s’habiller proprement sans extravagance de toilette, etc., etc., tout cela peut fournir matière à des sermons de prédicateur, à des préceptes de moraliste, jamais à des principes scientifiques de théorie de la valeur d’échange.

On n’admet donc, en principe d’économie, la nécessité d’aucun excédant, non pas seulement de l’excédant du produit agricole sur le salaire au bénéfice du travailleur, mais même de l’excédant du salaire sur le prix de revient du travail. M. Proudhon est le seul qui admette cela : c’est de sa part, une de ces présomptions qui se substituent si commodément aux théorèmes. Le travail n’est lui-même qu’un revenu : c’est le revenu de nos facultés personnelles, c’est l’application journalière dé nos forces physiques et morales. Le prix du travail c’est le salaire, et le salaire payé loyalement, conformément à la loi du marché, satisfait aux droits du travailleur et aux exigences de la justice. Si le travailleur a le bon esprit de faire des économies sur son salaire, il pourra devenir propriétaire foncier ou capitaliste, il touchera une rente ou des profits. Cela dépend uniquement de la volonté et du plus ou moins de sagesse et de prévoyance des individus : on ne peut, à ce sujet, poser aucun principe, fixer aucun chiffre. Il y a des salaires très-élevés qui ne donnent lieu à aucun excédant, grâce à l’appétit insatiable des travailleurs ; il y a des salaires très-modiques qui permettent des économies no-