Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/255

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chose que la propriété foncière individuelle. On comprend à présent pourquoi M. Proudhon s’est dispensé de nous donner le chiffre ou le montant de la part de la rente qu’il attribue au propriétaire. Mais qu’a fait M. Proudhon pour montrer qu’en quoi que ce fût le propriétaire pouvait être considéré comme un prélibateur parasite ? Rien, rien,—et rien. Le propriétaire foncier sort des mains de M. Proudhon fort injurié, mais physiquement et moralement sain et sauf.

Ce dernier passage couronne l’œuvre. Il est infiniment précieux et instructif : il est caractéristique de l’argumentation de M. Proudhon, laquelle est un mélange de principes erronés, de suppositions gratuites, de contradictions fatigantes, de vanteries de fausse érudition, d’invectives de mauvais goût. Cela est de l’insolence de tribun, si l’on veut ; de la science, jamais.

Mon opinion est qu’il serait meilleur pour l’avenir de la démocratie et pour le triomphe de l’égalité que les socialistes voulussent bien s’abstenir de dénoncer des abus qu’ils ne savent ni prouver ni redresser ; que les empiriques ne fissent point saigner à tous les regards, aux applaudissements de l’ignorance, de la sottise et de la cupidité, les plaies du corps social que leurs onguents enveniment et que guériront plutôt un jour les soins assidus et discrets de la science.