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§ 3.

Ou je me fais illusion, ou mes lecteurs, doivent être à peu près convaincus qu’il serait inutile d’attendre M. Proudhon sur le terrain de la véritable économie politique, je veux dire de la première et de la plus importante des sciences économiques, la théorie de la valeur : il ne s’y rendra pas. Nous n’avons en conséquence qu’un parti à prendre, c’est de le suivre où il veut aller, sur le terrain de la morale. Il était indispensable d’établir que la théorie de la valeur d’échange ne pouvait consentir à se subordonner à la justice. Quant à la théorie de la distribution, elle ne saurait, elle, s’y refuser ; et toutefois, sous toute réserve de discussion. Voyons donc quels sont les principes de justice d’après lesquels M. Proudhon se proposerait de procéder à la répartition de la richesse sociale.

Nous savons, dit-il, ce qu’est la Justice relativement aux personnes, Respect égal et réciproque. Mais nous ne voyons pas pour cela ce qu’elle peut devenir quant aux propriétés, fonctions, produits et échanges. Comment l’égalité personnelle, qui est l’essence de la Justice, deviendra-t-elle une égalité réelle ? Est-il seulement à présumer que celle-ci puisse et doive être une conséquence de celle-là ?… Tel est le problème