Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/50

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soit une conséquence de son génie, de ses vertus, ou de sa nullité et de ses vices. Au reste, M. Proudhon n’a pas manqué de se contredire. Cette restriction : sauf ce que les facultés individuelles, s'exerçant en toute liberté, peuvent y apporter de modifications, renverse tout son échafaudage, repousse l’égalité des fortunes, consacre l’inégalité des positions et rétablit tous les droits de la justice distributive.

J’arrive à l’argument des théoriciens de, l’inégalité.
La Justice, disent-ils, est égalitaire ; la nature ne l’est pas.

C’est ici qu’interviennent les lois de la mécanique universelle. Très-inutile fantasmagorie ! Il n’y avait besoin que de dire :―La justice et la nature sont égalitaires et inégalitaires l’une et l’autre. C’est parce qu’il y a des égalités et des inégalités dans la nature, que la justice doit consacrer à la fois l’égalité et l’inégalité ; et que la tâche du philosophe consiste à tracer la limite du domaine de l’égalité et de l’inégalité, au point de vue du droit.

Les phénomènes économiques appartiennent à la fatalité objective ; prétendre les plier aux convenances de la Justice, ce serait vouloir mettre la nature sur le lit de Procuste, faire violence à la nécessité, une folie monstrueuse.

Évidemment ! et c’est précisément pour ne pas mettre la nature sur le lit de Procuste, et pour ne point faire violence à la nécessité qu’il convient de faire la part à l’égalité et à l’inégalité. Les théoriciens de l’inégalité absolue mettent la nature sur le lit de Procuste quand ils nient l’égalité des personnes et repoussent l’égalité des conditions. Les égalitaires