Page:Walras - L’Économie politique et la justice.djvu/88

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raire ? — et par quelle unité ? Et sa phrase a-t-elle réellement quelque sens ? Je ne le crois pas, décidément. Voilà pourtant où mènent les grands mots qu’on lâche à tort et à travers, sans en connaître ni le sens ni la portée !

En toute sincérité, je pense que M. Proudhon a voulu simplement rappeler que l’or et l’argent avaient une valeur de métaux précieux, avant d’avoir une valeur de numéraire, que leur valeur de numéraire n’était autre que leur valeur de métaux précieux, c’est-à-dire une valeur naturelle et non point conventionnelle ; qu’en conséquence la valeur totale du numéraire ne pouvait être forcément qu’une fraction de la valeur totale de la richesse du pays.

Les enfants au maillot savent cela. Cette observation est tellement élémentaire qu’elle en est presque naïve. Quoi qu’il en soit, elle est parfaitement exacte. Encore eût-il fallu savoir l’énoncer !

Il s’agit, maintenant, de reconnaître s’il y a réellement entre les deux propositions de M. Proudhon une corrélation satisfaisante ; si cette dernière observation explique ce que M. Proudhon appelle l’insuffisance du numéraire ; s’il est vrai qu’à un jour donné, un certain nombre d’échanges ne se faisant point au comptant, contre numéraire, mais à terme, contre effets de commerce, cela vient de ce que la valeur totale du numéraire n’est et ne peut être qu’une fraction de la valeur totale de la richesse du pays.

Or il n’en est rien : l’explication est fausse, la corrélation est imaginaire, et le rapport de causalité