Page:Walras - Théorie mathématique de la richesse sociale.djvu/86

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peut acheter un capital aussi bien en vue de la consommation qu’en vue de la vente du revenu ; mais ce dernier point de vue doit être considéré comme dominant, en matière d’acquisition de capitaux, puisque autrement on se bornerait à acheter le revenu, soit à louer le capital. Un homme qui achète une maison pour s’y loger lui-même doit être décomposé par nous en deux individus dont l’un fait un placement de fonds et dont l’autre consomme directement le revenu de son capital. Nous avons déjà parlé de celui—ci ; c’est à présent le premier qui nous occupe.

Le prix des capitaux dépendra donc essentiellement du prix des revenus. C’est pourquoi celui-ci demande à être analysé sans plus de retard ; car il se compose de trois éléments très distincts.

En premier lieu, tous les différents capitaux qui existent ne se détruisent pas aussi rapidement les uns que les autres par l’usage. De là cette conséquence qu’on achètera un capital plus ou moins cher, à égalité de revenu, selon qu’il s’usera moins ou plus vite.

En second lieu, tous les différents capitaux ne sont pas également sujets à périr d’une manière subite et imprévue par accident. D’où cette conséquence qu’on achètera encore un capital plus ou moins cher, à égalité de revenu, selon qu’il sera moins ou plus susceptible de disparaître accidentellement.

Rien de plus facile d’ailleurs que de tenir compte mathématiquement de ces deux circonstances.

En ce qui concerne la première, il n’y a qu’à supposer qu’on prélève sur le prix annuel du revenu la somme nécessaire soit pour entretenir toujours le capital a l’état de capital neuf, soit pour le rétablir lorsqu’il sera hors d’usage. C’est ce qui s’appelle faire l’amortissement du capital. La somme à prélever pour cet objet, ou prime d’armortissement, variera d’un capital à l’autre ; mais une fois qu’elle aura été prélevée, tous les capitaux seront devenus rigoureusement identiques sous le rapport de la détérioration par l’usage, puisque tous auront été rendus en quelque sorte indestructibles.

Il en est de même pour ce qui concerne la seconde circonstance : il n’y a qu’à supposer qu’on prélève sur le prix du revenu la somme nécessaire pour contribuer à la reconstitution de tous les capitaux similaires annuellement disparus par accident. C’est ce qui s’appelle faire l’assurance du capital. La somme à prélever dans ce but, ou prime d’assurance, variera encore d’un capital à l’autre ; mais une fois qu’elle aura été prélevée, tous les capitaux seront devenus rigou-