Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/165

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gens se rétablissoient ; les plus forts furent employés à abattre des arbres, et à les couper en buches, tandis que les autres plus foibles portèrent ces buches, l’une après l’autre, au bord de la Mer ; les uns marchant avec des béquilles, et les autres appuyés sur un bâton. Nous portames ensuite notre forge à terre, et nos Forgerons, qui se trouvoient un peu en état de travailler, furent mis à racommoder nos cadènes de Hauban, et le reste de notre ferrure délabrée. Nous pensames aussi à réparer notre Funin ; mais n’ayant pas assez de vieux cables pour faire du fil de carret, nous remimes la chose jusqu’à l’arrivée du Gloucester, qui avoit beaucoup de vieux cables à bord. En attendant, pour ne pas perdre de tems, nous dressames une grande Tente à terre, pour nos Voiliers, qui travaillèrent d’abord à raccommoder nos vieilles voiles et à en faire de neuves.

Ces occupations, celles de nettoyer le Vaisseau et de faire de l’eau, les soins qu’exigeoient nos Malades et les secours fournis au Gloucester, donnèrent suffisamment de l’emploi à un Equipage aussi foible que le nôtre, jusqu’à l’arrivée de ce Vaisseau. Dès qu’il eut jetté l’ancre, le Capitaine Mitchel vint faire rapport au Commandeur, de tout ce qui lui étoit arrivé. Depuis la dernière fois que nous l’avions perdu de vue, les vents forcés le poussèrent jusqu’à la petite Ile de Masa-Fuéro, à vingt et deux lieues à l’Ouest de Juan Fernandez. Il auroit bien voulu envoyer à terre, pour y faire de l’eau, d’autant plus que de son bord il découvroit plusieurs Ruisseaux dans cette Ile, mais le vent donnoit si fort sur la Côte, et y causoit de si grosses lames, qu’il étoit impossible d’y aborder ; cependant la tentative qu’il fit pour cet effet, ne fut pas en tout inutile, la Chaloupe étant revenue pleine de Poisson. Ceux qui nous ont parlé de cette Ile, la dépeignent comme un roc stérile ; mais le Capitaine Mitchel apprit au Commandeur, qu’elle étoit couverte d’arbres et de verdure ; il ajouta qu’elle pouvoit avoir quatre milles de longueur, et qu’il ne doutoit pas, qu’en bien cherchant, on n’y trouvât quelque petite Baye, où un Vaisseau, qui auroit besoin de rafraichissemens, pourroit mouiller.

Il nous manquoit encore quatre Vaisseaux de notre Escadre, et ce récit nous fit naitre l’idée que quelqu’un d’eux pourrait bien rencontrer cette Ile, et la prendre pour celle où nous étions, et qui étoit le rendez-vous marqué. Cette erreur étoit d’autant plus facile à commettre, que nous n’avions aucune vue de l’une ni de l’autre de ces Iles, sur quoi on pût compter. Cette conjecture porta Mr. Anson à envoyer le Tryal, avec