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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/184

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CHAPITRE IV


Ce qui nous arriva à l’Ile de Juan Fernandez, depuis l’ arrivée de la Pinque Anne, jusqu’à notre départ de cette Ile.


Huit jours après l’arrivée de la Pinque, le Tryal-Sloop, qui avoit été envoyé à la découverte de l’Ile de Masa-Fuéro, revint nous joindre, après avoir fait le tour de cette Ile, sans y voir aucun des Vaisseaux de notre Escadre. Comme cette Ile fut mieux reconnue à cette occasion, qu’elle ne l’a jamais été, et ne le sera peut-être à l’avenir, je vais rapporter ce que les Officiers du Tryal-Sloop, nous en dirent. Il n’est pas impossible, que cela n’ait son utilité dans la suite.

Les Auteurs Espagnols parlent de deux Iles de Juan Fernandez, la grande et la petite. La première est celle où nous étions ancrés, et la petite celle que nous allons décrire, et à laquelle ces Auteurs donnent le nom de Masa-Fuéro, parce qu’elle est plus éloignée du continent. Le Tryal-Sloop trouva qu’elle étoit à vingt-deux lieues de Juan Fernandez, et à l’Ouest vers le Sud. Elle est plus grande, qu’on ne la fait d’ordinaire : on la dépeint comme un Rocher stérile, sans bois, sans eau, et absolument inaccessible. Nos gens trouvèrent pourtant qu’elle est couverte d’arbres, et qu’elle a plusieurs beaux Ruisseaux qui tombent dans la Mer ; ils virent aussi un endroit au Nord de l’Ile, où un Vaisseau peut ancrer, quoique l’ancrage n’y soit pas trop bon ; car le rivage a fort peu d’étendue, et est escarpé : d’ailleurs l’eau y a trop de profondeur, desorte qu’il faut mouiller fort près de terre, où l’on est exposé à tous les Vents hormis celui de Sud. Outre ces inconvéniens, il y a une bande de roches qui s’avance de la pointe Orientale de l’Ile, à deux milles au large ; à la vérité la Mer qui y brise continuellement les fait aisément reconnoitre ce qui les rend peu dangereuses. Cette Ile a l’avantage, par dessus celle de Juan Fernandez, d’être bien peuplée de Chèvres ; et ces Animaux, n’ayant jamais été inquiétés, n’étoient nullement difficiles à approcher, jusqu’à ce que les coups de fusil les eurent effarouchées : car les Espagnols dans l’idée que cette Ile ne pouvoit pas être de grande importance pour leurs Ennemis, n’ont point daigné y faire de dégât, et ne l’ont point peuplée de Chiens comme celle de Juan Fernandez. Nos gens y trouvèrent