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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/276

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n’en avoit pas fallu davantage aux Espagnols, qui savoient que cette Côte n’étoit fréquentée que par de simples Pirogues, pour en inférer que notre Escadre n’étoit pas loin ; sur quoi ils avoient renvoyé à l’année suivante le départ du Galion.

Le Commandeur lui-même, quoiqu’il ne déclarât pas son opinion à ce sujet, craignoit que nous n’eussions été découverts, et que le départ du Galion n’eût été différé ; et il avoit, en conséquence de cette idée, formé un plan pour se rendre maître d’Acapulco ; car il ne doutoit pas que le trésor ne fût encore dans la Place, quoique les ordres pour le départ du Galion eussent été contremandés. Cette Ville étoit trop forte, à la vérité, pour pouvoir être emportée dans les formes ; car outre la Garnison et l’Equipage du Galion, elle contenoit au moins mille hommes bien armés, qui s’y étoient rendus, comme gardes du trésor, quand il avoit été transporté de la Ville de Méxique à celle d’Acapulco : les chemins entre ces deux Villes étant fort infestés, non seulement par des Bandits, mais aussi par des Indiens indépendants. D’ailleurs, quand la Place auroit été moins forte, et telle que le monde de notre Escadre auroit pu en tenter l’attaque, cette attaque, par cela même qu’elle auroit été ouverte, auroit détruit l’avantage, que nous pouvions nous en promettre. Car à peine notre Escadre se seroit elle montrée, qu’en peu d’heures les Espagnols auroient fait passer le trésor bien avant dans le Païs, desorce que notre conquête se seroit trouvée réduite à une Ville désolée, où, nous n’aurions presque pu faire aucun butin.

Par toutes ces raisons, il falloit renoncer à l’expédition, ou prendre la Place par surprise. Mr. Anson se proposa pour cet effet de mettre à la voile avec l’Escadre vers le soir, ce qui nous donnoit le tems d’arriver au Port pendant la nuit ; et comme cette Côte n’est point du tout dangereuse, nous aurions hardiment embouqué le Port, et y serions peut-être entrés avant que les Espagnols eussent été informés de notre dessein. Dès que nous aurions été dans le Port, son dessein étoit de faire embarquer dans ses Chaloupes et mettre à terre deux cens hommes, qui attaqueroient à l’instant même le Fort marqué (D) dans le plan mentionné dans le Chapitre précédent, et inséré vers le commencement du troisième Livre ; pendant que le Commandeur employeroit ses Vaisseaux à canoner la Ville, et les Batteries. Ces différentes opérations, qui auroient été exécutées avec beaucoup de régularité, ne pouvoient guère manquer de réussir contre un Ennemi, qui se seroit vu attaqué brusque-