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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/294

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grande variété d’autres oiseaux plus petits, et en particulier des Perroquets que nous tuions souvent pour les manger.

Les Fruits, les Herbages et les Racines, n’y sont ni en abondance, ni des meilleurs. Les seuls Fruits que les Bois nous fournissoient, étoient des Limons, à peine en quantité suffisante pour notre usage journalier, des Papas, et cette espèce de Prune, d’un goût aigrelet et agréable, qu’on appelle à la Jamaïque, Prune à Cochon. La seule Herbe, qui vaut la peine qu’on en parle, est la Morgeline, qui croît le long des bords des Ruisseaux, et comme elle passe pour un Antiscorbutique, nous en mangions suivant, malgré son extrême amertume.

Voila tout ce que j’ai à dire de Chéquétan et des environs, excepté ce qui regarde la Côte qui est à l’Ouest ; car pour celle qui est à l’Est, j’en ai déja parlé. Mr. Anson étoit toujours attentif à tout ce qui pouvoit être utile à ceux qui fréquenteroient ces Mers après nous : et comme on avoit remarqué vers l’Ouest de ce Port, un Païs,assez étendu qui paroissoit double, avec une espèce d’ouverture entre deux, qui avoit l’apparence de l’entrée de quelque Port ; le Commandeur y envoya une Chaloupe, dès que nous fumes ancrés, pour découvrir ce qui en étoit. Il se trouva que les deux Montagnes, qui faisoient ce Païs double, étoient jointes par une Vallée, et ne laissoient entre elles ni Port ni Rade.

De tout ce que nous venons de dire, il paroit que Chéquétan n’est pas un Port fort avantageux, sur-tout, à l’égard des Rafraichissemens : cependant on en peut tirer parti, et il importe à nos Armateurs de le connoître. C’est le seul Mouillage sûr, dans une grande étendue de Côtes, à l’exception d’Acapulco, qui est occupé par l’Ennemi. Il est à une distance convenable de cette Ville, pour ceux qui voudroient se rendre maîtres du Galion de Manille. On y peut faire du Bois et de l’Eau en toute sureté, en dépit de tous les Habitans du Païs ; car il n’y a qu’un chemin étroit à travers les Bois, qui mène du rivage dans le Païs voisin, et un Parti рeu considérable suffit pour garder ce passage contre toutes les Forces que les Espagnols peuvent rassembler dans ces Quartiers. Mais il est tems d’en venir à ce que nous y fimes.