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Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/324

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Car il paroissoit assez visiblement, que les autres Iles ne pouvoient nous être d’aucun secours ; et nous ignorions alors, qu’il y en avoit encore d’autres où nous pouvions aborder. Vers le soir, la Chaloupe revint nous apporter la triste nouvelle, qu’il n’y avoit point d’endroit où un Vaisseau pût ancrer, parce que le fond étoit sale partout, et qu’il n’y avoit qu’un petit endroit, où la Mer eût moins de cinquante brasses de profondeur : qu’à cet endroit elle avoit trente brasses, quoique seulement à un demi-mille du rivage ; et que la Côte étoit escarpée et nullement sûre. Ceux qui avoient navigué la Chaloupe, rapportèrent de plus, qu’ils avoient été à terre, quoique difficilement, à cause de l’impétuosité des houles ; et qu’ils avoient trouvé le terrain partout couvert d’une espèce de Roseaux ; mais qu’ils n’avoient point rencontré d’eau, et qu’ils ne croyoient pas que l’Ile fût habitée, quoique le terroir fût bon, et presque tout couvert de Cocotiers.

L’impossibilité de mouiller à cette Ile produisit un découragement général, qui fut augmenté par un nouveau malheur que nous essuiames la nuit suivante ; car dans le tems que nous avancions avec nos huniers, dans le dessein d’approcher davantage de l’Ile, et d’envoyer notre Chaloupe à terre prendre des Noix de Coco pour nos Malades, le vent commença à soufler de terre par boufées, avec tant de force, que nous nous trouvames bientôt trop au Sud pour ôser détacher la Chaloupe vers la Côte. Le seul parti qui nous restât, afin de conserver le peu de monde que nous avions encore, étoit de hazarder si nous ne pourrions point rencontrer quelqu’une des autres Iles des Larrons, dont nous avions une connoissance trop imparfaite, pour être en droit de nous promettre quelque chose de certain à cet égard. Tout ce que nous en savions étoit, qu’on les place ordinairement à peu près sous le même Méridien ; et comme nous croyions, que celles, que nous avions vues, étoient de leur nombre, nous résolumes de porter au Sud, afin de trouver les autres, s’il étoit possible. Nous partimes donc de l’Ile d’Anatacan, emportant avec nous une crainte trop fondée de mourir du Scorbut, ou de voir périr dans peu notre Vaisseau, faute de monde pour entretenir le mouvement des pompes.