Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/373

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soit un point d’honneur de ne pas s’y soumettre à la Chine. Pour sortir de cet embaras, il ne pouvait mieux s’adresser qu’au Gouverneur Portugais, qui connoissoit le Païs, et qui ne pouvoit ignorer le privilège des Vaisseaux de guerre. Notre Chaloupe revint le soir avec deux Officiers, que le Gouverneur envoyoit à Mr. Anson, et qui lui dirent de sa part, que son avis étoit que, si le Centurion entroit dans la Rivière de Canton, les Chinois voudraient certainement lui faire payer les Droits ; mais que si le Commandeur le souhaitoit, il lui enverroit un Pilote qui le conduiroit dans un autre Port sûr, nommé le Typa, propre à caréner notre Vaisseau, et où probablement les Chinois ne s’aviseroient pas de demander le payement de l’impôt en question.

Le Commandeur goûta la proposition, et dès le lendemain matin nous levames l’ancre, et tirames vers le Port désigné, sous la conduite d’un Pilote Portugais. Comme nous entrions dans un passage, formé par deux Iles à l’Est de ce Port, la sonde diminua tout d’un coup, à trois brasses et demi : mais le Pilote nous assurant, que la profondeur ne diminueroit plus, nous continuames notre cours, jusqu’à ce que nous échouames dans la vase, à dix-huit piés d’eau sous la Poupe. La Marée baissoit encore, et peu après nous n’eumes plus que seize piés d’eau ; mais le Vaisseau resta droit. Nous sondames tout à l’entour de nous, et trouvames que la profondeur augmentoit vers le Nord ; nous y portames notre ancre de toue, avec deux haussières bout à bout, et au retour de la Marée, nous tirames notre Vaisseau à flot. Une petite brise, s’élevant au même instant, nous hissames notre hunier de Misaine, en lâchant la haussière, et nous entrames dans le Port, où nous mouillames à cinq brasses d’eau. Ce Port de Typa est formé par plusieurs Iles, et git à six milles de Macao. Nous saluames le Château de cette Ville de onze coups de Canon, et le salut nous fut rendu en même nombre.

Le lendemain le Commandeur fut rendre visite au Gouverneur ; à son débarquement il fut salué d’onze coups de Canon, auxquels le Centurion répondit par un pareil nombre. Le but de cette visite étoit de prier le Gouverneur de nous procurer des provisions, et de nous fournir les choses nécessaires, pour réparer notre Vaisseau. Le Gouverneur parut disposé à nous faire plaisir en tout, et assura le Commandeur que sous main il lui donneroit tous les secours qui dépendoient de lui : mais il lui avoua franchement, qu’il n’osoit nous fournir ouvertement rien de ce que nous demandions, à moins que nous n’en obtinssions auparavant l’ordre du Vice-