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quelques nouveaux Ouvrages procure à ceux qui en sont chargés : car outre la Batterie dont j’ai parlé, il y a encore trois autres Forts pour défendre l’entrée du Port, auxquels on travaille, dont cependant il n’y en a aucun d’achevé. Le premier de ces Forts, nommé le St. Juan, est bâti sur une pointe de Ste. Catherine, du côté de l’Ile aux Perroquets ; le second, en forme de demi-lune, est sur l’Ile de St. Antoine ; et le troisième, qui paroit le plus considérable, et qui a l’air d’une Forteresse régulière, est sur une Ile proche du Continent, dans laquelle le Gouverneur fait sa résidence.

Le terroir de Ste. Catherine est très fertile, et produit presque de lui-même plusieurs sortes de fruits. Il est couvert d’une forêt d’arbres toujours verds, qui, par la fertilité du terroir, sont tellement entremêlés de ronces, d’épines et d’arbrisseaux, que le tout ensemble forme un fourré qu’il n’est pas possible de traverser, à moins qu’on ne suive quelques sentiers que les habitans ont pratiqués pour leur commodité. Ces sentiers, et quelques terres situées le long du rivage du côté du Continent, qu’on a défrichées pour en faire des plantations, sont les seuls endroits de l’Ile, qui ne soient pas couverts d’arbres. Les bois rendent dans cette Ile une odeur admirable, par la grande quantité d’arbres et d’arbustes aromatiques qui s’y trouvent. Les fruits et les plantes de tous les autres païs croissent ici presque sans culture, et en grande quantité ; desorte qu’on n’y manque point d’Ananas, de Pêches, de Raisins, d’Oranges, de Limons, de Citrons, de Melons, d’Abricots ni de Bananes. Outre cela, on a ici en abondance deux autres productions d’un usage infini pour les Vaisseaux, savoir, des Oignons et des Patates. Les autres vivres ne sont, en général, ni si bons, ni en si grande abondance. On y trouve quelques chétifs Bœufs, qui ressemblent à des Bufles ; mais la chair en est mollasse et desagréable au goût, ce qui vient apparemment des Calebasses sauvages qui leur servent de nourriture. On y trouve aussi quantité de Faisans, qui ne sont pas à beaucoup près d’un goût aussi délicat que ceux qu’on a en Angleterre. Le reste du gibier consiste en Singes et en Perroquets ; mais le Port fournit différentes sortes de Poissons qui sont exquis et faciles à prendre ; car on y trouve un grand nombre de petites anses sablonneuses très propres à tirer la senne.

L’eau, tant dans l’Ile, que dans la Terre ferme située vis-à-vis, est admirable, et se conserve sur mer aussi bien que celle de la Thamise. Car après avoir été un ou deux jours en bariques, elle commence à travailler