Page:Walter - Voyage autour du monde fait dans les années 1740, 1, 2, 3, 4, 1749.djvu/76

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et il n’y a guère plus de vingt ans qu’on a commencé à en transporter du Brézil en Europe. On les trouve, précisément comme l’or, dans le lit des rivières, dans des ravins, mais, seulement en quelques endroits, et moins généralement que l’or. Avant qu’on sçût que c’étaient des Diamans, on les négligeoit et on les jettoit avec le sable et le gravier. Plusieurs personnes se sont rappellé dans la suite, avec regret, qu’il leur est passé ainsi par les mains des pierres, qui auroient fait leur fortune. Il peut y avoir un peu plus de vingt ans, qu’un homme, qui se connoissoit en Diamans brutes, s’imagina que ces cailloux, car on les regardoit comme tels, étoient une espèce de Diamans, Mais, il se passa quelque tems avant que par un examen approfondi on scût au juste ce qui en étoit, les habitans ne pouvant pas se mettre dans l’esprit, que ce qu’ils avoient si longtems méprisé, fût d’un aussi grand prix qu’on l’assuroit, en cas que la conjecture se trouvât fondée. On m’a dit, qu’un Gouverneur d’un des endroits, où se trouvent les Diamans, avoit rassemblé, durant cet intervalle, un grand nombre de ces Cailloux, pour s’en servir au jeu en guise de jettons. Mais enfin on reçut de quelques habiles Joualiers, en Europe, qu’on avoit eu soin de consulter, la confirmation, que ces pierres étoient de vrais Diamans, et qu’il s’en trouvoit parmi plusieurs, qui ne cédoient, ni en éclat, ni en aucune autre qualité aux Diamans des Indes Orientales. Aussitôt les Portugais, qui démeuroient aux environs des lieux où l’on avoit apperçu de pareilles pierres, se mirent à en chercher avec empressement, et eurent lieu de concevoir l’espérance d’en trouver un bon nombre, puisqu’ils découvrirent de grands rochers de Cristal dans plusieurs des montagnes, d’où découloient les eaux qui emportent, avec elles des Diamans.

On représenta bientôt au Roi de Portugal, que si l’on trouvoit au Brézil une aussi grande quantité de Diamans, qu’on sembloit avoir lieu de croire, le prix en diminueroit au point, que non seulement ceux des Européens qui en possédoient une quantité considérable, seroient ruinés, mais que Sa Majesté même ne pourroit tirer aucun avantage d’une si riche découverte. En Conséquence de cette représentation le Roi trouva bon d’ériger une Compagnie, qui a le Droit exclusif de chercher des Diamans dans toute l’étendue du Brézil. Mais pour empêcher que cette Compagnie, qui paye fort cher ce droit, ne fasse trop baisser les Diamams de prix, par le trop d’avidité à en chercher, il lui est défendu d’employer plus de huit cens Esclaves à cette espèce de travail. Et