Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/26

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— Tu en parles bien à ton aise, reprit aigrement Simon. J’aurais bien voulu t’y voir. Le doigt était tellement gonflé que la bague ne serait jamais sortie de bonne grâce. Et je n’avais pas le temps d’attendre. Ma foi, qui veut la fin veut les moyens.

— C’est un incident fâcheux, très fâcheux, insista Félix. Et puis il y a ce maudit espion de police qui me trotte dans la cervelle.

— Sois tranquille de ce côté-là. S’il revient voir la maison, il n’y trouvera rien et pour cause. J’y ai mis bon ordre. Et s’il continue à faire le malin, je lui réserve une prison, d’où je te garantis que Cynthia ne viendra plus le délivrer.

— C’est égal, reprit encore Félix, il est grand temps, plus que temps de mettre l’océan entre nous et ceux qui nous cherchent.

— S’il ne te faut que cela, répondit tranquillement Simon, tu seras servi à souhait. Il y a un bateau Allan, le… le Peruvian, je crois, qui part dans trois jours. Je retiendrai, demain, vos billets et tu t’embarqueras avec Cynthia.

— Eh bien ! et toi ?

— Oh ! moi, ne vous inquiétez pas de moi ! Tu as les papiers. Je t’enverrai Cynthia demain. Elle logera avec toi, dans cette paisible retraite, jusqu’au départ. Il vaut mieux que vos compagnons de voyage ne nous voient point ensemble. Je vous rejoindrai par un autre steamer.

Il y eut un instant de silence. Sans doute les deux complices mettaient les papiers en lieu sûr ; du moins c’est ce que pensa Ben, d’après deux ou trois mots, moins distincts cette fois, qui parvinrent incomplètement à son oreille. Dans tous les cas, Félix et Simon, étaient passés dans une autre chambre.

CHAPITRE VII
LE VOLEUR VOLÉ

Le lecteur a, sans doute, deviné la stupéfaction et la joie de Ben, en entendant de son grenier cette conversation qui lui révélait à la fois le triple mystère sur lequel il ne cessait de méditer depuis vingt-quatre heures.