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d’où ils venaient. Ils avaient loué la maison, seulement pour deux mois ; une fin de bail ; et ils avaient payé d’avance. Voilà tout ce qu’on savait sur eux.

Lafortune remercia la bonne femme de ses renseignements, puis avant de s’en aller, il alla examiner ce qui restait de l’incendie.

Il n’y avait plus, nous l’avons déjà dit, qu’un amas de cendres et quelques débris fumants, quand, tout-à-coup, Lafortune poussa une exclamation. Il venait d’apercevoir un objet brillant au milieu des décombres. Il s’avança et il reconnut deux ou trois objets tordus, en métal, qui devait être sans doute quelques débris de becs de gaz ou de flambeaux, puis, parmi ces objets, quelque chose qui aurait sans doute passé inaperçu, pour tout autre que pour notre ami Lafortune : c’étaient trois boutons en métal ; il les ramassa non sans quelque peine, il les trempa dans le ruisseau ; puis, avoir les avoir longuement examiné, il sortit de sa poche le bouton qui y était enfermé depuis le veille au soir, et il reconnut que c’était exactement les mêmes.

— Bon ! fit-il, y a quelque chance pour que ces boutons appartiennent au même individu qui a déjà perdu le premier. Mais diable ! s’il a pris soin de mettre à son paletot des boutons neufs, ma piste va se trouver perdue ! Il faudrait maintenant savoir qui habitait cette maison, et s’assurer, demain, lorsqu’il fera jour, que le propriétaire de ces boutons n’a point péri au milieu des flammes.

Ayant enfoui sa trouvaille dans sa poche, Lafortune se décida à rentrer chez lui ; et le lendemain, aussitôt qu’il fut éveillé et habillé, il s’empressa de sortir, dans le but de continuer ses recherches. Il allait se diriger vers une station de voitures, quand il aperçut précisément au milieu de la rue, un cocher qui, après avoir sans doute déposé un voyageur, se disposait à s’en retourner. Lafortune le héla.

— Êtes-vous libre, cocher ?

— Libre comme l’air, oui, mon bourgeois, répondit le cocher,