Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/5

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— Quoi donc, gamin ?

— Venez, répliqua Ben ; et prenant Lafortune par la main, il le conduisit dans l’embrasure de la fenêtre ; et écartant le rideau, « ceci » fit-il ; et il sortit alors des profondeurs de la poche de son gilet, un objet qui, à toute autre personne, aurait paru d’un intérêt médiocre ; c’était un bouton de paletot en bronze portant en relief une tête de buffalo.

— Que dites-vous de ma trouvaille ? fit Ben triomphant.

— Mais pas mauvaise, mon garçon ; les petits effets mènent parfois à de grandes causes. Et où as-tu trouvé ce bijou ?

— Auprès du lit, monsieur Lafortune.

— Ah ! fit ce dernier, et il serra aussitôt l’objet dans sa poche.

Au moment où ils s’apprêtaient à sortir, un médecin qu’on avait fait mander aussitôt parut sur le seuil.

— C’est ici, monsieur le docteur, dit l’hôtesse qui avait accompagné le visiteur.

Ce dernier s’approcha du lit, examina la morte, puis poussa tout à coup un cri de surprise ; mais, reprenant aussitôt son calme. « Cette femme a sans doute été empoisonnée, dit-il, il faut faire conduire le corps à l’hôpital où on pourra l’examiner à loisir. Je n’ai plus rien à faire ici. »

Alors se tournant vers Lafortune qui ne l’avait quitté des yeux depuis son entrée. Je vous attends demain matin, lui dit-il. J’ai à vous communiquer des faits du plus haut intérêt. Veillez à ce que le transport soit immédiat. L’examen auquel j’ai à me livrer sur la nature du poison ne souffre pas une minute de retard. Puis il sortit, en glissant sa carte entre les mains de Lafortune étonné.

— Maintenant, monsieur Lafortune, dit Ben, notre présence ne rendra pas la vie à cette malheureuse ; et il faudrait peut-être…

— C’est vrai, mon garçon, tu as raison ; nous allons de ce pas interroger l’hôtesse et tâcher d’avoir quelques renseignements.