Page:Wanda - La femme au doigt coupé, 1886.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ben, mais Simon, qu’est-il devenu ? comme ça va être commode, maintenant, de le repincer ! coquin de sort ! avoir si bien réussi et voir son eau troublée au moment où le poisson mord ; c’est pas de veine ! Évidemment, il a pris la clef des champs. Enfin, aidez-moi, fit-il aux deux hommes, il faut commencer par conduire Lafortune chez lui ; puis ensuite, je me mettrai en campagne. Foi de Ben, j’aurai sa peau ou il aura la mienne ; mais il faut que je le repince !

— En tout cas si j’ai un conseil à te donner, gamin, dit l’un des agents, c’est de te munir d’un revolver. Il a l’air ben smart, ce gaillard-là ; et tu pourrais bien attraper, toi aussi, une prune difficile à digérer.

— Vous avez raison, répondit Ben ; mais il y en a, chez M. Lafortune. D’après ce que vous venez de voir, ajouta-t-il, en riant, il ne s’en sert pas beaucoup ; j’en prendrai un, en m’en allant.

Ayant fait avancer une voiture, nos trois hommes y transportèrent le blessé, avec toutes sortes de précautions ; puis, la voiture, allant au pas, se dirigea vers sa demeure.

Ben la fit arrêter et on se mit en devoir de déposer dans son lit le blessé qui avait rouvert les yeux et commençait à reprendre connaissance.

Le médecin ayant recommandé le calme le plus absolu, Ben lui expliqua ce qui était arrivé, en lui affirmant qu’on le sauverait, mais qu’il était nécessaire qu’il se tint tranquille ; puis, après l’avoir confortablement installé dans son lit, il expliqua alors aux deux agents que leurs services étaient maintenant devenus inutiles ; qu’il fallait simplement s’occuper de faire conduire les deux accusés à un poste de police quelconque, et se tenir prêts à lui prêter main forte, au cas où il en aurait besoin.

Il passait alors dans le salon, afin de prendre d’abord de l’argent pour payer le cocher, puis le revolver en question.