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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/148

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de ses histoires de haute graisse. Et puis il y aurait toujours cette énorme rigolade d’habiter à La Femme Nue. D’ailleurs c’était plus central. Il pourrait, sur son cob, se rendre à plus de foires et de ventes aux enchères qu’à présent et, pour les très lointaines, il prendrait le train à l’embranchement.

Il se mit à siffler entre ses dents, très bas, comme un oiseau, ainsi que faisait Robert. Il allongeait le pas avec la grâce souple, élastique, rappelant un peu celle d’une belette, qui caractérisait tous ses mouvements. De temps à autre il frappait ses guêtres brunes et sa culotte en whipcord de Bedford avec sa cravache, — refusée par Robert, — et dans la façon dont il le faisait quelque chose évoquait l’image d’une Ruth lointaine, sauvage, maussade et larmoyante, qui subissait la fustigation au lieu des leggings. Une chouette franchis sait-elle une haie d’un vol bas, une chauve-souris « couinait »-elle tout près de lui, les oreilles pointues de Ralph semblaient chauvir légèrement, ses yeux pâles et vifs, secs et durs comme des cailloux, dardaient un regard mauvais sur l’intruse puis se détournaient avec impatience.

Robert revenait au galop.

— À votre tour, maintenant, Monsieur, dit-il.

— Vous pouvez dire Elmer, si ça vous chante, dit l’autre — et sous son ton rude se devinait le souci de l’âme inquiète de son isolement, de l’âme égoïste qui ne veut pas se fier aux profondeurs de la mer humaine et qui, restée au sec sur le sable du rivage, éprouve parfois des craintes — ou Ralph, ajouta-t-il, en s’étonnant lui-même.

— Alors pour moi ce sera Bob, mais si vous devez être un ami du patron, je ne vois pas le moyen de nous appeler comme ça par nos prénoms, ça vexerait le vieux.