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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/150

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petites fenêtres qui luisaient pitoyablement, tout son aspect qui proclamait qu’on ne trouverait à l’intérieur ni une fête, ni une chambre nuptiale, ni un enfant nouveau-né, mais la corruption. Avec un vague malaise moral, Ralph laissa errer son regard sur la campagne environnante. Là, plus bas que l’auberge, séparée par un champ du ruban de route d’un blanc brunâtre, s’étendait la friche, une longue bande d’un noir sale soulignée d’une non moins longue ligne d’eau argentée. Il se raidit un peu, comme un chien à une odeur nouvelle, pointa légèrement les oreilles et regarda fixement. Et de partout et de nulle part, comme le faible gémissement d’un mouton provenant d’une hauteur nuageuse, lui vint la conviction que ce séjour était préparé pour lui, l’avait toujours attendu, tranquillement, discrètement et ne le laisserait pas partir avant que ne fût accompli ce qui devait être.

Avec une expression sinistre, alarmée, il releva les yeux sur le visage de Robert qu’éclairait la lune et qui contemplait le même site. Pas un bruit ne sortait de la vaste étendue environnante, du ciel mystérieux, de la demeure qu’habitait la mort. Eux-mêmes, les deux hommes, si vivants, si réels, le sang aux joues et la sueur de la galopade encore sous les aisselles, retenaient leur respiration, se fouillant mutuellement l’âme mais ne voyant que la terre en friche. Puis soudain, comme un ressort se détend, Elmer détourna ses yeux, cessa de prêter l’oreille et de raidir ses muscles, et dit en se forçant à rire, malgré son étrange mélancolie :

— Qui est-ce qui est pour entrer boire un verre de whisky à la Femme Nue ?

Pas une lumière à l’auberge.

— Tambourinez à la porte, dit Robert. Ralph frappa et le bruit roula dans les corridors