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de Mary Webb, on a à tout moment l’impression d’une mythologie confuse, d’un animisme latent. On ne trouverait cela ni chez Dickens ni chez Thackeray. Mais il est chez Thomas Hardy et chez Rudyard Kipling, comme chez D.-H. Lawrence, Stella Benson et Virginia Woolf. Les grands silencieux qui hantent les romans anglais ont toujours quelque chose à dire aux choses. Ce n’est pas eux qui diraient comme notre Vigny :


Ne me laissez jamais seul avec la nature.


Et cette communions fréquente les rajeunit, les renforce, leur donne le sentiment à la fois de leur petitesse et de leur utilité.

On trouvera dans Sept pour un secret… ce sentiment-là, à l’état le plus aigu. À la frontière du Pays de Galles, dans ces landes que Mary Webb nous décrit, chaque détail est vu, consigné, par un poète, et non, comme il arrive le plus souvent chez nous, par un peintre. Nos meilleurs paysagistes, un Théophile Gautier, un Goncourt, sont avant tout des hommes qui ont vécu dans des ateliers. Mais, pour Mary Webb, la nature seule entre en jeu, et non pas une transcription déjà artistique. Son principal personnage, Robert Rideout, est lui-même un poète. C’est peut-être même le seul poète possible, celui qui ne pense ni aux éditeurs ni au public, celui pour qui existe cet enchantement secret qui consiste à mettre en rythmes et à donner une forme d’incantation aux sentiments qui forment le tissu de notre vie intime. Robert Rideout s’en va faire, un jour, un long voyage pour rendre visite, dans un village éloigné, à un forgeron qui sait