Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/207

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— Oh, je ne voudrais pas être muette.

— Bien sûr que non. Vous valez bien à vous seule tout un nid de linottes à sept couleurs, Gillian.

— Elle ne peut rien dire, absolument rien ?

— Non.

— Ni écrire ?

— Je n’ai pas demandé… possible qu’elle puisse, ce serait un soulagement.

— Ce doit-être rudement dur, réfléchissait Gillian, de ne jamais pouvoir répondre.

La joie que causa ce mot à Robert lui fit oublier un moment l’infortune de Ruth.

Quand ils furent de retour à la ferme, Gillian dit :

— Aidez-moi à faire la croix.

— Non, il faut que vous la fassiez toute seule : je vais vous enfermer dans une étable à veaux.

— Robert Rideout, vous n’oseriez pas.

— Vous allez voir si j’ose !

Et, après l’y avoir poussée gentiment, il tourna la clef dans la serrure.

— Maintenant je vais vous apporter la carcasse, et du fil de fer et des perce-neige, et quand vous aurez employé toutes les épines et tous les ajoncs, je vous laisserai sortir.

Voilà comment Isaïe, ayant à faire recoudre un bouton à sa veste, appela Gillian à toute voix jusqu’à ce que Mme  Makepeace dit à Jonathan : « Écoute le maître qui hurle, je vais voir ce qu’il veut ».

Quand elle eut cousu le bouton, Isaïe monta au grenier voir si Gillian n’y était pas. C’était une de ses retraites favorites au printemps et à l’automne ; assise au soleil qui entrait à flots par l’unique fenêtre, dans la vieille chaise à bascule de sa mère, mangeant, après les avoir soigneusement choisies, quelques reinettes de Ribstone, poires-pommes, ou oranges de Blenheim,