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CHAPITRE PREMIER

Gillian Lovekin.


Par une froide soirée d’hiver, dans la région située entre les plaines ondulées de l’Angleterre et les pentes efflanquées et violettes du Pays de Galles — moitié dans le royaume des fées, moitié en dehors — la vieille ferme, plantée au milieu des plis et des bosses de Dysgwlfas[1], sur la lande sauvage, brillait d’un éclat de pierre précieuses largement enchâssée de gris et de pourpre. Une lande n’est jamais sans couleurs. Quand toutes les fleurs de bruyère sont séchées, elle garde encore dans sa vaste et mystérieuse étendue une teinte violacée qui est comme l’âme de la bruyère. Sur ce fond qui s’étalait dans toutes les directions sur des milles et des milles de terrain sombre, l’habitation, avec ses granges et ses meules, retenait et réfléchissait le moindre rayon du soleil à son déclin, et composait un confortable et agréable tableau sous un ciel bas et floconneux, couleur de cendre, qui annonçait la neige. La ferme était

  1. Prononcer Dysgouelfas