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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/242

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SEPT POUR UN SECRET…

— Un ordre est un ordre, répliqua-t-il, mais si j’étais le maître je les remporterais. Ils seraient mieux chez nous, et de beaucoup.

— Mais ils ne sont pas pour nous, Monsieur Fringal, mon père ne les a pas achetés. Hier encore il disait que nous avions trop de couvées et qu’il y aurait une telle masse de poulets qu’il faudrait en servir tous les jours sur notre table.

— Un ordre est un ordre.

— C’est M. Elmer qui vous a dit de me les remettre ?

— Est-ce que sans ça j’aurais apporté ma plus belle couvée dans cette maudite ferme ?

— Et de les déposer précisément là ?

— Est-ce que, si j’étais libre, je ferais l’imbécile comme ça ?

— Ce doit-être une erreur, Monsieur Fringal.

— Faut-il lui dire que vous n’en voulez pas ? demanda-t-il d’un ton insinuant.

Quelque chose dans sa physionomie, dans sa façon de s’adresser à elle, fit comprendre la vérité à Gillian : la poule et ses poussins étaient un présent pour elle : voilà pourquoi il fallait qu’elle regarde par la fenêtre à six heures.

Elle était contente, mais un peu effrayée. Jamais Robert ne lui avait offert pareil cadeau. Elle fit une moue dédaigneuse. Robert n’était qu’un vacher-berger. Quel besoin avait-elle de penser toujours à lui. Est-ce que son père ne le lui défendait pas ? Et sa tante également ? Robert ne l’avait-il pas ramenée de force à la maison et obligée à faire une croix qui l’avait écorchée ? C’était bien l’audace de Bob, se dit-elle. Et parce que Ralph n’était pas Robert, elle fut soudain furieuse contre ce dernier. Elle se pencha dehors, vêtue du paletot de lit rose que lui avait donné sa tante Émilie.