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CHAPITRE XX

Robert taille la haie d’épines.


Le matin du premier Mai, depuis que Robert était arrivé à la ferme, Gillian et lui allaient dénicher des oiseaux. Aussi, pour oublier qu’il n’irait pas ce jour-là, il se leva très tôt et partit tailler la grande haie au pied de la prairie lointaine. C’était à coup sûr une besogne de jeune homme, qui mettait en action tous les muscles de ses épaules, de ses bras et de son dos. Jonathan n’en aurait jamais été capable. La haie se composait d’énormes pieds d’aubépine, couverts à cette date de bourgeons verts qui éclataient. Il fallait abattre leurs troncs à la hache, comme des arbres dans une forêt, et scier leurs grosses branches entrelacées une par une, et cela à grand’peine. C’était une haie de vingt pieds, si vieille que les hautes branches elles-mêmes étaient fortes et dures. En temps ordinaire, Robert en aurait voulu à Isaïe d’ordonner la destruction de tant de beauté. Car le poète qui se cachait en lui aimait ce grand mur de verdure vivante, tout écumant de fleurs crème et odorantes, Mais à présent, chaque coup que