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SEPT POUR UN SECRET…

comme lui. Il était trop âgé pour ces fantaisies enfantines de haine.

— Si c’était moi, je me battrais avec lui.

— Si elle le préfère, qu’il la prenne, dit Robert, je ne suis pas un meurtrier.

— Tu es un drôle de type, dit Johnson en se préparant à partir. Si j’étais à ta place, et jeune comme toi, la fille serait dans ma roulotte avant la nuit tombée. Allons, au revoir, Bob. Je te reverrai à la fin de l’année.

— Comment as-tu dit que s’appelait ta petite ?

— Nous la nommions Ailse.

— Ailse ? C’est le nom qu’à la ville on prononce « Alice », n’est-ce pas ?

— Oui, enfin c’est comme ça que nous disions. J’aurais voulu que tu entendes Esmeralda roucouler ce nom au crépuscule. « Ailse…, Ailse…, Ailse ! » Elle lui avait appris à le dire et puis « Le bohémien Johnson » et aussi « papa » et « Esmeralda », et encore les noms des endroits où nous campions. Allons, il faut que je m’en aille.

— Eh bien, au revoir, Johnson, et bonne chance.

— Je ne peux pas y compter, car j’ai perdu Esmeralda et il n’y a pas pour moi d’autre femme qu’elle.

Le soir, très tard, Robert, les reins douloureux, rentra chez lui en se traînant péniblement. La conclusion de ses réflexions de la journée fut qu’il fallait apprendre à Ruth à écrire : c’était Gillian qui devait lui donner des leçons en cachette, à l’insu d’Elmer et de Fringal. Et quand elle saurait, il l’interrogerait lui-même : il mettrait son esprit à l’épreuve et verrait si elle avait une âme de bohémienne. Il aurait à lui demander si elle avait un souvenir de bijoux et de boucles en or. Il prierait Gilian d’entreprendre cette tâche dès qu’elle serait rentrée.