Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/28

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charette avec tante Fanteague quand elle retournera à Silverton, et m’en aller avec elle loin des Gwlfas et des montagnes, loin de la mer…

— Et où donc ? demanda la pratique Mme Makepeace.

— Dans la lune, peut-être.

— Bonne dame ! Et que deviendrait votre père ?

— Père oublie facilement, je ne lui manquerais guère.

— Et Robert, mon Bob ? Ses yeux bruns, vifs et maternels jetèrent un rapide coup d’œil à Gillian.

— Oh ! Robert ? fit Gillian songeuse, en passant la main dans les poils noirs de Simon. Robert Rideout ? murmura-t-elle, rêvassant. Puis, repoussant ses nattes en arrière d’un geste de défi, elle cria : « Je ne lui manquerais pas non plus.

Elle mit Simon par terre et se leva.

— La nuit vient, dit-elle, il faut que j’aille voir mes collets à lapins.

— J’espère, ma chère enfant, que vous m’en mettrez un de côté sur votre chasse pour faire un pâté. C’est une chose qu’apprécie joliment votre tante Fanteague, un pâté de lapin.

— À condition que papa le paye. Si je donne mes lapins à mesure que je les prends, où seront mes leçons de musique ?

Et ouvrant la vieille porte garnie de clous qui donnait sur le parc à moutons, elle sortit.

« Jolie fille ! se dit Mme Makepeace. Ah, une charmante fille, qui soupire tout le temps après les plaisirs trompeurs du monde, mais elle a un cœur…, si seulement tu pouvais mettre la main dessus, Robert, mon garçon. Mais je doute que tu sois assez hardi. »

Et elle secoua la tête, en songeant à ce Robert qui n’était pas là, si bien que les brides de sa coiffe voltigeaient de chaque côté de sa joyeuse face ronde et rougeaude.