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SEPT POUR UN SECRET…

— Inutile de dire des mais et des si. Je vais vous expliquer ce qui arrivera si vous épousez ma fille, ou dans le cas contraire. Mariez-vous avec elle et je lui donne dix mille livres ; la ferme sera à elle quand je ne serai plus là, et puis il y aura un assez joli magot que je vous laisserai à tous les deux. Je vous apprendrai tout ce que je sais, je ferai de vous un homme riche, respecté, vous serez marguillier si vous voulez, juge de paix si ça vous plaît, et vous pourrez être membre de l’équipage de chasse de Silverton, à votre guise. Si vous désirez une plus belle maison, je vous en bâtirai une, un meilleur cheval, je vous en paierai un.

— Ce n’est pas tout ça, Monsieur Lovekin : pas besoin de m’acheter.

— Alors, au nom du ciel, qu’est-ce qu’il vous faut ?

— Je… je ne peux pas, Monsieur Lovekin.

— Vous ne pouvez pas ? Bonté divine ! Penser que Lovekin des Gwlfas aurait à en venir là, à se mettre à genoux devant un jeune vaurien pour qu’il épouse sa fille ! À présent, je vais vous dire ce qui se passera si vous ne consentez pas.

Il se redressa, et ses cheveux et sa barbe d’argent se détachaient sur la haute cheminée sombre où était sculptée une chasse au cerf. Il parlait doucement, d’un ton persuasif.

— Si vous ne cédez pas, dit-il, je ferai de vous la fable du pays, un de ces hommes… comme les excommuniés de l’ancien temps : vous ne serez plus qu’un Esaü parmi vos pareils. Je vous dépouillerai de votre argent, shilling par shilling, liard par liard ; je ruinerai votre crédit, je mettrai la police à vos trousses, je tournerai tout le monde contre vous. Vos meules flamberont sans que personne sache pourquoi ni comment. Toutes vos bêtes seront malades et personne ne viendra les