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Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/304

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SEPT POUR UN SECRET…

possédé. Jonathan en revenait ayant plein la bouche du grand dîner qui serait offert à tout le monde, quand la mariée serait conduite chez elle, et des tonneaux d’ale et de vin qui seraient mis en perce.

— Il faut espérer, disait-il, que nous vivrons assez pour manger et boire tout ça. Il y a encore plus de quinze jours d’ici là, et il peut arriver n’importe quoi en quinze jours. Ma foi, la fin du monde pourrait venir en deux trois jours, s’il avait plu au Seigneur d’en décider ainsi de toute éternité.

— Eh bien, mon cher, ripostait sa femme, s’il en avait décidé ainsi, tout serait pour le mieux, et tu ne t’agiterais plus pour une gorgée d’alcool.

— Oui, mais j’espère bien que le Seigneur n’a pas ordonné les choses comme ça, la mère !

Et il se tourmentait tellement là-dessus, et tout le monde avec lui, qu’on ne pouvait presque plus supporter d’entendre parler de la noce. Il citait tant d’exemples de mariages qui n’avaient jamais été célébrés, racontait tant d’histoires de festins qui n’avaient jamais été mangés, que Gillian se composait un bonheur spécieux avec ses prophéties de malheur.

Elle passait ses journées dans le parloir et, ayant par intuition trouvé que c’était un calmant de mener une vie superficielle, elle s’en contentait. Ses doigts fins caressaient avec amour les linges délicats, nouaient et dénouaient les jolis rubans qui devaient parer sa beauté quand elle se donnerait pour toujours à Elmer. Elle avait beau savoir qu’il ne l’aimait pas comme elle voulait être aimée, il était dans sa nature de jouir de son pouvoir sur lui. Elle prenait les parures mousseuses l’une après l’autre et soupirait. Un jour vint où le facteur apporta de lourds et grands cartons, et, voyez, sur son lit s’étalait la robe de mariée, à l’apparence diaphane d’une brume