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SEPT POUR UN SECRET…

une illumination immédiate pour Ruth, mais il avait frappé une corde qui avait fait entendre un autre nom.

— Maintenant, dit Robert, il faut travailler uniquement sur ces deux noms-là. Je ne vous dis rien de plus, d’abord parce que je ne dois souffler mot à âme qui vive, ensuite parce que vous pourriez lui mettre des idées dans la tête, et ce que je veux savoir, c’est ce qui y est à présent : je veux la vérité, et, par Dieu, il semble que nous en approchons.

Il considérait longuement le visage impassible de cette Ruth qui était Ailse, de Ruth la bonne à tout faire, qui était la fille d’une sorte de prince bohémien — d’Ailse, qui avait babillé au milieu de la joie des Bohémiens et qui n’était plus que Ruth-la-muette, d’Ailse, l’enfant de l’amour, la fille d’une femme comparable à une étoile, et qui était, ou avait été, jusqu’à l’arrivée de Gillian, l’enfant trouvée, la muette dépendant de la charité d’Elmer, le pauvre être qui savait — Robert le soupçonnait fort — ce que c’est que d’être battue.

— Vous saisissez ce que vous avez à faire ? demanda-t-il en s’en allant, et Gillian resta toute la soirée éperdue de joie d’avoir reçu un ordre de Robert.

Peu de jours après, il lui en donnait un autre. Jonathan, en se rendant à la Croix-des-Pleurs, apporta un bout de papier où avaient été hâtivement griffonnés quelques mots, fourré dans une enveloppe ayant contenu un prospectus pour du suint de mouton et fermée avec un peu de poix de cordonnier. Elle l’ouvrit en riant en dedans, puis, tout à coup, très timidement, baisa le billet qui disait : « Tâchez d’apprendre des chansons bohémiennes, jouez-les-lui et voyez ce qu’elle écrira. »

Mais Gillian, qui ne connaissait aucune de ces chansons, dut écrire, pour en demander, à Silverton, où il n’y en avait pas. Alors Robert s’adressa à Johnson et finit