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SEPT POUR UN SECRET…

d’un moi caché au plus profond de lui-même, Robert dit tout à coup :

— Où est Ruth ?

— Oh, dit gaiement Ralph, je l’ai envoyée chez Dosset : leur domestique est partie. C’était une fille de la ville, et l’hiver lui a fait peur.

— À quelle heure est-elle partie ?

— Oh, de bonne heure, vers midi.

Pourquoi ce mensonge ? Gillian venait de dire à Robert que Ruth était allée ramasser du bois, et, si elle était partie pour quelque temps, elle aurait emporté un bagage et Gillian l’aurait su.

— Qu’est-ce que vous avez tué ?

— Ce lapin.

— Il s’est raidi bien vite… il est presque aussi raide que les autres.

— Je viens juste de tuer les autres aussi.

« Il y a une bonne heure que je suis dans ce pré à surveiller les moutons, se dit Robert, et on n’a pas tiré. C’est donc un second mensonge. »

— Eh bien, il faudra revenir nous voir d’ici peu, fit Ralph, avec sa cordialité un peu intermittente.

— Peut-être… s’il n’y a pas trop de neige.

— Quand il aura dégelé, alors. Oui, elle va être épaisse, elle tombe fort.

Il était manifestement satisfait de cette neige. Il s’éloignait, mais se retourna pour dire encore :

— Dommage que vous ayez appris à Ruth à écrire : ça lui a troublé la cervelle. Mais je ne vous en veux pas, et ça m’est égal : ce n’étaient que des mensonges.

Cette déclaration embarrassa Robert et le déconcerta. Tout le long du chemin, jusque chez lui, il y pensa. Pour quoi douter de cet homme ? Comme il fallait avoir l’esprit mal tourné. Pourquoi ne pas le croire quand il affir-