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CHAPITRE XXXI

« Voyons, qu’est-ce qui te tourmente ? »


Pendant que Robert fait pour elle le plus grand de tous les sacrifices, quelles sont les pensées de Gillian Lovekin à l’auberge de La Sirène, où brillent des lampes d’or, mais pas d’amour ? A-t-elle donc le cœur aveugle et sourd pour ne pas voir et entendre au loin l’agonie de celui qui l’aime ? Son rêve égoïste l’engourdit-elle au point, qu’enfermée en sa seule personne, elle perde ce qui fait la beauté de la vie ? Écoutez, oh, écoutez comme sonnent les heures ! Lentement le temps s’écoule. Peu à peu, sur la tête noire qu’elle aime, s’ouvre l’éternité. Il est cinq heures du matin, et déjà, au Donjon, la femme du boucher qui va faire aujourd’hui la route de Dysgwlfas, regarde par sa fenêtre l’affreux et sombre matin pluvieux et descend préparer le déjeuner de son mari. Et, aussitôt que sa carriole arrivera à la grille de la ferme, Robert sortira par la porte silencieuse.

Gillian Lovekin dort-elle ? L’auberge est noire et calme. Seules les souris grignotent, seules les chauves-souris crient. Près de la porte, les tournesols chuchotent