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SEPT POUR UN SECRET…

étreinte frénétique lui serrait les chevilles. Qu’était-ce ? Était-il déjà mort, et cette paix tiède dans laquelle sonnaient sept pâles tintements d’or, était-ce le ciel ? Il se secoua pour se réveiller complètement et à grand’peine ouvrit les yeux.

Gillian ! Gillian, telle qu’il l’avait une fois prédit, et comme il l’avait écrit à son sujet, Gillian, la fille du riche fermier, prosternée à ses pieds et les mouillant de ses larmes.

Oh ! il doit être mort, et c’est un rêve céleste. Mais pourquoi cette pauvre enfant pleure-t-elle ainsi ? Où est sa lettre ? Ce n’était pas du tout cela qu’il avait combiné… et Gillian ne prononçait pas un mot. C’était bien étrange.

— Mais… Gillian !

Il se baissa et lui caressa les cheveux : ils étaient mouillés. Grâce à la pluie et à ses larmes, aucune sirène n’aurait guère pû être plus trempée que Gillian.

Et elle continuait à s’attacher à lui. Jamais encore il n’avait vu créature se laisser aller à un pareil désespoir.

Il en était gêné : il était affreusement pénible de voir cette adorable et hautaine Juliana gisant là comme une pénitente éperdue.

— Madame Elmer, dit-il, vous vous oubliez.

Elle lui prit la main et s’en aida pour se mettre à genoux, puis leva sur lui un visage ruisselant de larmes. Elle avait l’air d’une enfant faisant sa prière.

— Je vous aime, Robert, dit-elle, je sais tout et je vous aime… j’ai lu la lettre. Permettez-moi de vous aimer, je vous en supplie, Robert.

Il lui releva la tête et la regarda dans les yeux. Et comme il était lui-même tout prêt à pleurer, il se réfugia dans une sorte de joie désespérée et, d’un air qui tenait