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SEPT POUR UN SECRET…

dire que papa était vacher, Bob ? » Car, en véritable rejeton d’Isaïe et de Juliana Lovekin, elle trouve plus gentil de ne pas rappeler l’humble origine de son père. Est-ce qu’elle ne va pas prendre le thé au presbytère ?

— Ça ne fait rien, réplique Bob, pourvu qu’il ait été bon vacher.

Le plus jeune pousse un éclat de rire méchant :

— Il ne l’était pas ! Un jour il a oublié de traire jusqu’à plus de neuf heures.

Mais le lecteur veut être renseigné sur le titre du livre et sur le secret. Était-ce l’amour de Robert pour Gillian ou celui de Gillian pour lui, ou encore celui d’Ailse, ou son histoire intime ? Mais tous ceux-là ont été révélés. Y a-t-il autre chose ? Dehors, le matin, au début de l’été, en écoutant le silence, on sait qu’il y a davantage, que dans la terre pourprée, et au delà, et dans le ciel d’argent, il y a un mystère si grand qu’il serait intolérable de le connaître, si doux que la seule idée d’en approcher fait monter les larmes aux yeux. Le moindre soupir du mystique, chaque nouveau mot de la science en est chargé. Pourtant son séjour est hors de la portée du temps, de l’espace ou de la conscience. Peut-être est-ce la mort qui le révèle. À coup sûr, ce ne peut être la vie, car, si nous apprenions ce secret, sa splendeur et son émouvante beauté sont telles que cela nous tuerait.

Peut-être ne fut-ce pas Gillian, dans tout l’éclat tremblant et néanmoins triomphant de la féminité et de la maternité, ni même Robert, dans l’épanouissement de la virilité, de la poésie et d’un amour vaillant, qui s’approchèrent le plus de la solution du mystère, qui décrète que ceux qui sont tout amour, comme Ailse, doivent souffrir, tandis que ceux qui sont égoïstes,