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sept pour un secret…

— Oh, Jonathan s’en tirera très bien, leste comme un pinson. Il peut avoir des accidents, mais c’est tout. Et puis ta tante est avec lui, ne l’oublie pas.

— C’est vrai, tante est avec lui. Peut-être qu’elle m’apporte un cadeau.

— Et peut-être que tu as brûlé ta rôtie.

— Attention ! La barrière a grincé.

En un clin d’œil Gillian était dehors. Elle inondait sa tante de baisers, pendant que Jonathan roulait vers la cour en fredonnant : « À bon port, rentrés à bon port. »

— Ce qu’il te faut, Juliana, dit la tante, c’est une surveillance.

Et elle entra.

— Eh bien, Isaïe ! dit-elle. C’est le mot qu’elle lançait toujours en pénétrant dans la maison de son frère, et qui exprimait, entre autres choses, son désappointement exaspéré de ne pas la trouver mieux tenue qu’à sa dernière visite.

— Ha ! dit son frère, mais au lieu de se sentir surprise, Mme Fanteague se comporta comme si elle l’avait pris, « lui », en flagrant délit.

— Je vois, Isaïe, dit-elle, que la grosse borne blanche à côté de la barrière n’a pas encore été remise en place. Il y aura douze mois à Noël que Jonathan l’a accrochée et descellée en m’amenant ici… et je rends grâce à mon Rédempteur qu’il n’y ait pas eu plus de mal. Douze mois, Isaïe, cinquante-deux semaines, trois cent soixante-cinq jours ! Combien d’heures, Juliana ?

— Oh, tante !

— Qu’est-ce que tu as appris dans tes livres, mon enfant ?

Elle s’assit en face d’Isaïe dans le grand fauteuil, qu’on avait si soigneusement brossé et astiqué, et