Aller au contenu

Page:Webb - Sept pour un secret, 1933.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
sept pour un secret…

elle avait quitté la ferme avec l’homme de son choix.

C’était le mot juste, à la lettre, car M. Fanteague n’avait pas eu le choix. La malle paraissait encore remarquablement neuve, si l’on considère que Jonathan était allé la chercher depuis, une ou deux par an, à travers la lande. Elle avait perdu beaucoup moins de son ancienne fraîcheur que sa propriétaire. Les doigts vigoureux et effilés de Gillian défaisaient, les nœuds et, le couvercle, peint en bleu à l’intérieur, enfin soulevé, révéla du papier de soie, la robe de soie noire pour le dimanche, le chapeau habillé, des gants et la cape soutachée qu’avaient pliées les mains nerveuses de la tante Émilie. En dessous reposait un petit paquet.

— Je dois te dire, ma chère, dit la bonne tante, que l’objet n’est pas neuf, mais c’est de la bijouterie, et je connais tes goûts frivoles, Juliana.

— De la bijouterie ! Oh, ma tante !

— Tu peux l’ouvrir si cela te dit.

Certes, cela lui disait, et elle défit le paquet. Il contenait un petit cœur en cornaline avec un anneau en or pour passer un ruban. C’est un présent merveilleux, féerique. De la couleur qu’elle aimait, il avait quelque chose de romanesque et c’était son premier bijou !

— Tante chérie ! Quand vous serez âgée, vieille, qu’il n’y aura plus personne pour vous consoler, je me souviendrai de ce médaillon, et, si loin que je sois, je viendrai vous tenir compagnie, oui, je n’y manquerai pas. Et je tâcherai d’avoir des ongles bien soignés, parce que vous y tenez, je le sais. Regardez, comme il fait joli sur ma robe. Vous n’auriez pas un bout de ruban pour que je l’attache ?

La tante Fanteague trouva un velours noir, puis, prenant la bougie, déclara qu’il était temps de descendre.