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sept pour un secret…

prix extraordinaire — et qui avait une longue, moustache tombante et une pelisse de fourrure. Gillian était certaine qu’il aurait pu sans aucun danger marcher sur le chargement de foin le plus enfaîté. Ravissant Iscariote ! Il était là, à quelques heures de trajet de Silverton. Qu’elle pût aller dans cette ville et elle n’aurait qu’à monter dans un train pour être rapidement à Londres. Le reste, à n’en pas douter, suivrait tout naturellement.

« Je vais lui demander aujourd’hui même. Elle pourra dire qu’elle est sourde, elle pourra lire un livre ou quitter la pièce, mais je lui demanderai. Si je vais à Silverton, je pourrai me rendre à Londres. »

Elle s’examina dans le miroir de la cuisine.

« Je ne suis pas si mal, et si j’apprends à chanter, ce sera un avantage pour moi, car cette Julia du roman était incapable de lancer une note. »

Tout en tournant le porridge, elle se voyait dans la robe bleu ardoise — qu’elle aurait —, avec une toque en plumes du canard ardoise, passant, en souliers de satin à hauts talons, devant des magasins remplis de flacons carrés jaunes de « piccalilli ».

— Rêveuse ! lui dit son père en raclant la terre de ses souliers pour entrer prendre son premier déjeuner. Grouille-toi, ma fille, car plus tôt je partirai, plus j’aurais chance de rentrer de bonne heure. Il fait grand jour déjà et j’ai une centaine de moutons à ramener avant la nuit.

— Est-ce que le temps est à la neige, Isaïe ? demanda Mme  Fanteague.

— Ha !

— Alors, je fais ma malle. J’attraperai le dernier train au Donjon.

— Courte visite, ma sœur.