dire à Robert qu’il n’était qu’un vacher. Peut-être, si elle lui paraissait vraiment jolie, Robert l’embrasserait-il… bon exercice en vue de l’avenir. Isaïe avait interdit tous les « jeux de Mai[1] », et le baiser en était certainement un. Mais aussi… Robert avait une si jolie bouche. Maintenant qu’elle la considérait attentivement, elle la trouvait remarquablement charmante.
Elle, alla à la porte. La neige à présent tombait très fort, en tourbillonnant un peu, à gros flocons. Elle voyait la lanterne de Robert dans l’écurie et son ombre sur le mur blanc.
— Bob !
Il s’avança en lissant ses cheveux ébouriffés et couverts de neige.
— Maintenant, je suis la maîtresse et vous le maître.
— Je suis vacher-berger, dit Robert, et vous la fille du maître. Seul un fermier est digne de vous, et vous pouvez prétendre à un Lord.
— Oh, Bob, vous êtes méchant. Je n’ai pas dit cela.
— Vous le pensez. Vous savez bien que vous n’épouserez jamais un garçon de ferme.
— Peut-être, si… si le garçon s’appelait Robert Rideout.
— Vous êtes une flirteuse, ma chère, et voilà tout, Gillian la flirteuse.
— Je fais semblant, Robert.
— Il y a danger à faire semblant.
Elle prit un air boudeur.
— Voici du bon thé, remarqua-t-il. Et, pour sûr, c’est très charitable à vous de m’en offrir.
— Ne vous moquez pas de moi.
— Pas du tout : je m’amuse.
- ↑ Divertissements champêtres de la fête du 1er mai.